Je m'attendais jusqu'aux derniers moments une ultime pirouette pour se sortir de ce mauvais pas et renvereser Elisa la tyran. Malheureusement, ou heureusement, c'est quelque chose de beaucoup plus triste et réaliste que 10% nous propose, et c'était à attendre vu que je n'ai d'ailleurs cessé de dire cette saison que c'était beaucoup plus lourd et pesant qu'avant. Quand on compare ce final avec notmment celui de la saison 3 et la magouille HupperGate pour finir en beauté, c'est le jour et la nuit. Et c'est le signe que la série a grandi.

Quelle superbe idée de se dire que pour conclure une série, mission impossible sur le papier, ses personnages décident eux-mêmes de "s'éteindre en beauté". C'est une jolie lutte contre la mort d'ASK, un dernier souffle (qu'a déjà rendu Jean Gabin au début de l'épisode, j'étais vraiment pas prêt, c'est ultra dégueulasse !). Finalement là où l'équipe mettait en scène une vraie comédie en fin de saison 3, elle met en scène ici sa propre fin dramatique, et c'est la conclusion tout à fait logique. C'est en plus délicieusement méta : il y a ce passage génial cité par Koss où Andréa réduit les figurants de la série à leurs rôles de figurants. Et bien sûr de façon évidente le personnage d'Andréa qui devient Fanny Herrero et finit de faire rejoindre réalité et fiction. Andréa qui est vraiment le personnage le plus sublime (avec ce plan génial où elle est éclairée dans le parc - le chef op lumière de l'épisode précédent a été remplacé ou s'est fait remonté les bretelles ? dans tous les cas merci).

Finalement comme expliqué justement plus bas, en y réfléchissant, cette fin était inévitable et permet en fait d'offrir un meilleur futur pour tous les personnages. C'est une vraie lettre d'amour à ce niveau là. Camille, Noémie et Hervé semblent tous accéder à leurs nouveaux postes de rêves : Noémie c'est un glow-up de fou et l'actrice est superbe, Camille émotionnellement avec Mathias ou Arlette ça marche vachement bien, et Hervé avec sa scène de "coming-out de métier" a droit encore à de superbes répliques comiques. Gabriel s'est vraiment révélé cette saison aussi pour ma part, et même si son idylle avec Sofia était le truc le plus prévisible de la saison, et que cette dernière a été reléguée au second plan, ça me va totalement pour ma part.

Avec tout ça, Jean Réno est effectivement un peu moins présent que d'autres guests, mais pour moi il n'a pas volé son importance et fait partie de la (courte) liste des guests qui ont eu une résonnance toute particulière avec le fil rouge et l'agence. Je suis ravi que ce soit lui et non Depardieu pour ma part, parce qu'il incarne parfaitement l'humain bienveillant et gentil (et je n'imagine pas l'autre dans un tel rôle), prêt à finir en beauté avec son agence.

Il y a bien quelques défauts ça-et-là : oui, légalement, ce que fait Elise c'est quand même débile, et ça n'aurait pas coûté grand-chose qu'un personnage évoque simplement le fait que même si c'était illégal, ASK n'a plus les ressources ou le temps pour un procès, pour s'épargner une incohérence titillante. Je suis également assez déçu de la gestion de Colette, tout au long de la saison son absence renforçait certes la pression d'Andréa pour le spectateur aussi, mais j'ai aussi eu l'impression que les scénaristes ont eu peur de ce personnage/cette relation, et voir qu'elle a eu le droit à trois répliques à peine, m'attriste un peu. Enfin, je trouve ça émotionnellement douloureux pour le spectateur de se servir des guests comme Lucchini ou Belluci, ultra attachants et qui ont vécu de vrais trucs avec leurs agents, comme d'un tremplin pour partir. Il aurait suffi de mentionner des guests plus importants qu'on ne voit pas, ou même des guests un peu plus enclins à partir d'après leur personnalité. Je suppose que c'est un choix délibéré pour qu'on se rappelle qu'ASK était une famille -- mais surtout pour ses agents et non pour les talents.

C'est assez dingue tout de même que sur 4 saisons, 3 d'entre elles offrent vraiment une fin parfaite, qui me laisse toujours satisfait, triste et nostalgique. Même en venant de me revoir toute la série, j'ai déjà envie de retrouver toute la bande et de me replonger dans ce petit univers du début. Ca fait mal de les quitter cette fois comme à chaque fois, et j'ai presque envie de ne plus les revoir pour ça, sauf dans une fin "heureuse". Mais ça ne serait presque pas juste. Bref, chapeau les agents !

Jean Reno pour le grand final, je ne vais pas sauter au plafond, je ne suis pas grand fan du personnage. D'autant qu'en plus, il ne sert à pas grand-chose, mis à part un moment comique avec Arlette, Arlette qui d'ailleurs aura traversée la saison en arrière-plan, sans bénéficier, sauf oubli de ma part, d'un véritable arc, voire même d'un subplot. 

Sinon, un dernier épisode qui fait son boulot scolairement, sans trop d'éclat, qui refait revenir Mathias et Noémie à l'agence, histoire de ressembler une dernière fois l'équipe des 3 premières saisons et qui clôt toutes les affaires sentimentales (Andréa et Colette, Gabriel et Sofia) ou familiale (Camille et Mathias) avec application, mais sans génie. Bref, du solide, mais rien de folichon, ni de renversant. 

Donc la série nous quitte, sans vraiment panache, une série un peu trop sage parfois, mais porté par des personnages attachants. 

Alors, comme eux, trinquons à un avenir incertain. 

J'avoue que je ne m'attendais pas à être aussi émue par l'épisode. J'avais lu vos avis, donc je savais plus ou moins comment se terminait la série, mais je crois que je m'étais réellement attachée à tous les personnages, et savoir que je ne les reverrai plus m'a fait un petit choc.

10% et ASK, c'est fini. Si on voit le verre à moitié plein, on se dit que les gentils ont perdu, mais pris individuellement, ils ont tout gagné. Que serait-il advenu d'Andréa et de sa famille si l'agence n'avait pas coulé ? De la relation entre Noémie et Matthias qui se serait sans doute terminée ? (tout comme celle entre Matthias et Camille), etc...

Je trouve que c'est une très jolie fin. Très digne. Le dernier plan où l'ensemble de l'équipe attend Hicham avant de définitivement partir m'a beaucoup ému aussi. Je l'ai trouvé particulièrement beau et juste.

Dix pour cent se termine avec panache.

Dans la fiction, la victoire est bien souvent de mise. Quand défaite il y a, elle est tragique, déchirante et lourde de conséquences. Dix pour cent propose une troisième voie, un véritable art de perdre, une défaite nécessaire pour se libérer et mieux se retrouver (comme l'évoque la superbe LUMIERE qui illumine Andréa lorsqu'elle accepte sa défaite). La série aborde sa fin avec beaucoup de sérénité et une grande humilité, rendant hommage au chemin parcouru, aux symboles semés (Jean Gabin </3), aux égarements (Hicham qui ouvre et ferme l'épisode, ayant finalement trouvé sa place dans la famille ASK) et aux belles victoires (Nicolas Maury, Stéfi Celma, Laure Calamy et Fanny Sidney comme incarnations de l'avenir, devant et derrière la caméra). Rarement une fin de série m'aura autant ému dans son intelligence et sa pure et franche émotion.

Petit regret sur la guest, toutefois. Jean Reno est plutôt bon, mais quand on sait que l'épisode avait été pensé pour Gérard Depardieu, et que celui-ci a lâché l'équipe au dernier moment, on ne peut que regretter ce qu'aurait pu être l'épisode. Car finir avec panache est plus l'apanage de Cyrano de Bergerac que de Godefroy de Montmirail.

C'est rare une série qui se terme mal. Même si c'est plus mélancolique que dramatique, les méchants ont gagné.

Anne Marivin est d'ailleurs vraiment détestable en méchante, à un niveau Geoffrey Barathéon de la saloperie. Tout cela reste toutefois peu crédible : 10% est visiblement un monde qui ne connait pas la clause de non-concurrence. Difficile de croire que la quasi totalité des acteurs tourne leur veste comme cela, mais ça sert très bien la dramaturgie du propos. Parce que finalement, c'est quoi le plus improbable : que Andréa, Mathias et Gabril parvient depuis 24 épisodes à se tirer de situations improbables ou qu'une agent plus douée qu'eux réussissent à leur piquer la moitié de leurs talents ? "C'est fini les mensonges" hurle Gabriel, pile au moment où Andréa demandait aux figurants de la série... de jouer un rôle de figurants.  C'est peut-être le message final de la série, qui rejoint brutalement le monde de la réalité dans son dernier quart d'heure. Une réalité où on perd parfois ces combats ou même la défaite fait partie de l'apprentissage et ou Andréa annonce qu'elle va faire une série sur le monde des agents (annoncé également par Gizmo depuis longtemps sur ce même site).

C'est vraiment une très belle fin, qui m'a ému, tandis que la lumière s'éteignait sur ce groupe de personnages vraiment attachants et qui a défaut de dresser un portrait fidèle du monde de la fiction, sont parvenus à montrer la fiabilité et la faisabilité de la réussite d'une fiction française à l'international.